Périple en Franche Comté – Eté 2008. Une première en NAV et une sacrée vision !

On a donc quitté ce petit coin de paradis. J’ai oublié de vous mettre la photo du poste sur lequel j’ai pris l’ombre dans le dernier article, la voici donc :

 

L’arrivée au camping fut salutaire pour l’humeur de mon compère et après une bonne douche, une petite sieste, une bonne bière fraîche et quelques gâteaux, on était prêts à repartir à l’assaut des poissons sauvages de la haute rivière d’Ain. Il s’est bien marré pour la première fois de la journée quand la corde de mon hamac a cédée et que je me suis retrouvé le cul par terre sans comprendre ce qui m’étais arrivé ! Je crois qu’on avait besoin d’arrêter la pêche deux heures, parce que ça faisait quand même quelques jours qu’on ne faisait que ça.

On apprécie d’autant plus les choses quand elles restent rares… On a besoin d’avoir ces moments de manque, de frustration de ne pas y être, d’attente pour pouvoir pleinement jouir du goût délicieux de la pêche en liberté ! Toujours est-il qu’on était à Champagnole et qu’on cherchait un peu l’overdose !

Redescendus sur le poste constitué du grand plat près de la station d’épuration, j’ai repéré deux truites de taille correcte, environ 40 centimètres, qui patrouillaient sur ma bordure entre deux buissons d’aulne immergés. Je suis alors descendu dans l’eau en aval, le plus discrètement possible, et j’ai remonté la bordure doucement et silencieusement. Ne pas pêcher ces deux gobages repérés au milieu de la rivière m’a demandé un certain effort, mais je savais ce que je voulais et j’ai réussi à laisser ces riquettes tranquilles. La petite nymphe beige et brune était prête, dans ma main gauche, deux mètres de soie sortaient de l’anneau de tête de ma canne et j’avais bloqué cette dernière avec mon index droit sur la poignée de liège sale et douce. J’étais prêt, j’avais anticipé et j’attendais désormais que les poissons apparaissent entre les buissons. Soudain, je vis les deux truites jaillir et se poster juste en dessous du bosquet amont. La plus grosse me vit et repartit vite dans sa cache sans que j’ai pu esquisser le moindre geste, mais la seconde restait. D’un geste souple, j’expédiais mon artificielle préalablement mouillée de salive dans la veine d’eau, d’un seul coup de poignet. Alors, tout s’est passé très vite : la nymphe est tombée à un demi-mètre en diagonale amont du poisson, et j’ai vu ce dernier se précipiter vers cet endroit. J’ai eu un léger temps de réflexion, puis j’ai ferré, à tout hasard. Alors la magie m’envahit, je sentis la truite en même temps que je la vis se contorsionner. Je l’ai bridée et le combat n’a pas duré, car j’avais peur qu’elle ne s’en retourne dans sa cache entortiller mon bas de ligne dans les racines ce qui aurait déclenché une amertume certaine… Je l’avais attrapé, je n’y croyais pas, c’était vraiment irréel. J’avais réussi à leurrer une truite sauvage de l’Ain en nymphe à vue. J’ai compris à cette instant qu’on pouvait être autant accro à la NAV qu’à la sèche, car ce sentiment de « deviner » la touche est assez exceptionnel. Je tiens d’ailleurs à remercier ici Monsieur Nicolas Germain, que je n’ai jamais vu mais qui a pondu un exceptionnel article dans son blog (il est dans mes liens) sur la technique de la nymphe à vue, que j’ai lu, relu et rerelu et que je conseille fortement à tous ceux qui voudraient s’y mettre. J’espère d’ailleurs le rencontrer bientôt car il à l’air vraiment sympa. Monsieur Germain, je vous remercie pour cet article, pour tous les autres très intéressants de votre blog, et je vous dédie donc cette truite !

 Quel délice d’avoir réussi ce coup de ligne ! La veille, j’avais pris 8 truites dans l’Ain, mais des petites que n’importe qui aurait pu prendre. Celle-ci avait un goût particulier, celui de l’autosatisfaction profonde sans prétention aucune… J’étais juste très content d’avoir pris ce sauvage poisson à cette technique si difficile, et tout s’était passé comme sur des roulettes ! Je suis remonté sur la berge et j’ai rejoint le Nico pour lui raconter cette capture. J’ai alors fumé ma fameuse « clope d’après poisson », la meilleure à la pêche ! J’ai sorti une feuille blanche de gomme arabique, roulé un peu de tabac humide de camel à l’intérieur, puis j’ai léché le collant comme on lècherait un timbre poste. J’ai inspiré et allumé ma cigarette, et la perfide fumée a envahit mes poumons sereins, puis j’ai exhalé des volutes bleutées, que j’ai envoyé vers l’eau de l’Ain dans un soupir de ravissement sonore en regardant pêcher le Nico. J’ai appelé Alexis (Alx) car il était prévu qu’on se retrouve le surlendemain matin pour une grande journée sur la Basse rivière d’Ain. 

Le coup du soir arrivait, et je savais parfaitement sur quel poste je le ferais…

 

Un très gros rocher surplombait une grande retourne profonde bordée par le courant principal. J’avais déjà pêché ce poste, la veille, mais je l’avais pris de l’aval, et le seul pêcheur que j’avais vu sur ce dernier avait fait de même. J’avais pris un ou deux poisson mais la profondeur associée à la végétation rivulaire ne permettait pas d’atteindre avec sa mouche l’aval immédiat de ce gros rocher. Je décidais donc de me poster derrière celui-ci, depuis l’amont, et d’observer en ce début de coup du soir. J’ai d’abord vu une, puis deux petites truites, que je n’ai pas pêchées pour éviter de casser le coup. J’ai encore attendu, puis un toqueur est venu pêcher le courant à ma droite mais ce dernier était suffisamment large pour qu’il ne me dérange pas. Il a d’ailleurs pris une
truite de même pas trente centimètres qu’il a foutue au panier ! Mon immobilité était satisfaisante car le toqueur ne m’a pas vu, alors qu’il était à 25m. Un peu plus tard, une truite de 40 bons centimètres est venue se poster dans la retourne. J’étais prêt, et j’ai lancé ma nymphe devant elle. Elle a bougé et j’ai ferré, dans le vide, puis elle est partie. Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai du ferré trop vite ou alors elle a recraché la nymphe. Sans paniquer, j’ai encore attendu et elle est revenue au même endroit un quart d’heure après. Sans avoir le temps de lui lancer mon leurre, elle est partie à toutes nageoires alors que je n’avais pas bougé d’un poil. Le temps que je me pose la question de ce qui l’avait fait partir, la réponse m’apparu et me figea encore plus que je ne l’étais ! Une torpille grande comme mon bras, presque aussi épaisse que ma cuisse apparut furtivement. Je savais que ce poste « puait » la grosse, et à ce moment là elle était devant moi, à distance de lancer, et
elle ne m’avait pas vu ! Elle était sortie de sous mon rocher doucement, à un mètre cinquante de profondeur. Je ne la voyais pas bien à cause des frisotis de la surface mais je l’estimais à soixante centimètres. Je vous avoue que je
ne sais même plus si j’ai lancé ma nymphe où si je suis resté bouche bée jusqu’à ce qu’elle parte. En tous cas elle n’est pas restée très longtemps et même si je l’ai essayé, j’ai du le faire laborieusement. J’ai encore attendu jusqu’à la
nuit, puis je suis redescendu de mon caillou pour rejoindre le Nico qui discutait avec deux moucheurs cinquante mètres en amont. Un des deux s’appelait Fréderic et c’était le beau-frère de Nicolas Germain, c’était marrant, et il débutait à la mouche. Je lui ai dit qu’il devait avoir un sacré bon prof, et qu’il allait vite progresser ! On est remontés au camping et j’ai pensé toute la soirée, et toute la nuit à la vision hallucinante que j’avais eue de cette grande truite. C’était décidé, je me réveillerai tôt le lendemain matin pour me poster à nouveau sur ce rocher et guetter encore la tata…

7 commentaires.

  1. Salut,
    Bon cette première, tu la fais au stream, on le voit trop sur la photo ;o). En tout cas, maintenant, la chance du débutant, c'est fini, va falloir tenter et tenter encore pour devenir un naveur. Je ne doute pas que tu y arrivera.
    Et je plussoie concernant les articles de Nicolas39, ce sont des mines d'or.
    @+

  2. Salut mec!
    Félicitations pour tes récits, j'aime beaucoup le style,ton approche de la pêche et des choses de la vie…
    Si tu passes dans le coin n'hésite pas à faire signe, çà serait un plaisir…
    Merci

  3. Encore un grand merci à tous. Nico, c'est pas de la lèche et c'est vraiment vrai que ton article est une perle, bien mieux que ce qu'on peut trouver dans la presse halieutique ! Ça sera un plaisir de te rencontrer.
    Pour les détails, j'ai une petite astuce : j'avais emporté avec moi un petit carnet et tous les soirs je notais avec des mots clé ce qui s'était passé dans la journée. Sinon certains autres détails resteront gravés dans ma mémoire de pêcheur !
    Encore merci à vous tous !

  4. Eh bien moi aussi je me demande comment tu fais pour te rappeler de tous ces détails 4 mois après!! Qd on n'y connait rien en NAV et autre, ça ne parle pas trop ,mais c'est tellement bien dit que c'est un vrai plaisir de te lire!!les photos sont tjrs aussi belles!

  5. Salut François, une fois que tu auras assimilé les bases essentielles pour bien pêcher en nymphes je doute que tu fasses machine arrière.
    En tout cas, la rivière semble magnifique. Reste plus qu'a t'entraîner cet hiver sur les barbillons, à trouver le secret des lestages, les couleurs qui vont bien pour prendre le max de plaisir en 2009.
    Bonne continuation, tu es à un tournant dans ta vie de moucheur.
    Ps voila comment tu fais pour te rappeler tout ces détails franchement des doués mec.
    A plus fabien.

  6. Très beau texte comme d'habitude, bravo. Merci pour ton attention, quelle truite magnifique avec une robe superbe!! Les truites de la haute se mérite, alors encore une fois bravo pour ce coup de ligne.
    Si un jour tu ne sais pas quoi faire, envoie moi un mail pour me décrire EXACTEMENT la localisation de ce fameux caillou 😉
    Au plaisir de se rencontrer un de ces quatres, dis moi quand tu reviens sur la belle, si je suis dispo, on se fera une partie de pêche ensemble 🙂

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