Autour d'un feu

Dans la nuit fraîche d'un début d'été, un feu de joie danse au bord du cours d'eau.
Ses flammes virevoltent en crépitant, elles frémissent et s'élèvent vers les étoiles.
Au milieu de la vallée du Doubs, au bord de celui-ci, la lueur palpitante du brasier se reflète dans les prunelles fatiguées de deux pêcheurs à la mouche sèche assis en tailleur.
Leur sommaire campement sauvage consiste en deux simples sacs de couchage étalés de par et d'autre du foyer.
Sur une grille à double battant, deux côtes d'agneau grésillent et sifflent en laissant échapper de suaves odeurs.
Après une excellente journée de pêche sur ce splendide cours d'eau, les deux amis discutent et chantent, parfois faux, parfois à tue-tête, leur bonheur d'être en ce lieu.
La nature, les arbres qui frémissent, les flammes qui tournoient, l'agneau qui cuit et le vin qui désaltère leur procure un bonheur simple et intense.
Entre deux rires, dans le silence nocturne, les bruits de la nuit retentissent parfois.
Dans leurs têtes, les images des poissons qu'ils ont leurrés dans la journée se bousculent.
L'agneau est cuit. Leurs doigts en guise d'assiette, ils savourent et dévorent à belles dents cette délicieuse viande ovine.
Leurs habits sales de pêcheurs s'impreignent de l'odeur caractéristique du feu de bois, la bonne, la vraie, l'entêtante.
Dans un futur proche, leurs rêves seront peuplés de gobages bruyants ou discrets, et lorsqu'ils fermeront les yeux, leur visage caressé par le vent frais de la nuit noire, ils lanceront encore leur soie dans cette veine d'eau prometteuse sur laquelle ils contrôleront la dérive de leur bas de ligne en espérant un remous superbe et bruyant sur leurs imitations de plumes.
 
 

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